Photo de profil de Adrien Blandin
Adrien Blandin, CTO pour start-ups early stage

Profitez de mes 15 ans d'expérience en technologie et en leadership : je suis là pour propulser votre entreprise vers ses objectifs avec une expertise et une vision qui font la différence.

De développeur backend à CTO, un retour à zéro

24/02/2021, ~7 minutes de lecture

Il y a un an, suite au départ de notre CTO, la proposition d’assumer ce rôle m’a été faite. Cela faisait déjà 3 ans que je travaillais pour lePERMISLIBRE en tant qu’ingénieur backend principal.

J’ai rejoint l’entreprise lorsqu’il n’y avait que 5 employés, cela ressemblait donc à une évolution logique pour eux comme pour moi. Après une courte période de réflexion j’ai décidé d’accepter cette proposition, n’ayant pas grand chose à perdre dans cette tentative.

Pour une raison inconnue, peut-être l’envie de faire un point personnel ou de partager ce que j’ai appris durant cette année, je me suis mis en tête d’écrire un bref article.

Si je ne devais garder qu’une seule leçon, c’est qu’être CTO n’est absolument pas l’évolution du métier de développeur. Lead Dev en est une évolution, Head Of Engineering une autre mais CTO est un métier différent, plus proche du management que de la technique.

J’ai par le passé tenté de créer une start-up (Canalmatch ndlr) où j’assumais le rôle de CTO. Naïvement, je pensais que cette fois-ci ne serait pas bien différent d’alors. Hors, être CTO parce qu’on est le seul développeur d’une entreprise de 2 personnes n’a rien à voir avec le fait de diriger une équipe technique au sein d’une entreprise plus conséquente (35 personnes aujourd’hui).

J’ai donc attaqué ce nouveau poste en pensant que peu de choses changeraient concrètement pour moi : je continuerai à développer tout en consacrant un peu de temps à la gestion d’équipe et aux réunions stratégiques de la boite.

Lors de ma prise de fonction, nous n’étions plus que 3 développeurs dans l’équipe. Nous devions impérativement recruter et pourtant je me sentais entièrement responsable de notre productivité et de la quantité (et la qualité) des sujets que nous pouvions traiter.

Durant presque un an j’ai donc passé mon temps à jongler entre le management et le développement. Ce qui est bien lorsque l’on essaye de tout faire, c’est que l’on fait tout mal. Mes développements étaient bâclés car je devais gérer l’équipe et ma gestion d’équipe était bâclée car je devais développer.

Ajoutez à ça une entreprise qui croît très vite et vous obtenez une année particulièrement stressante.

Début 2021 j’ai donc pris la décision de ne presque plus coder, ou seulement en dépannage lorsque je suis à jour de toutes mes obligations. Ce choix a été rendu bien plus facile car les développeurs recrutés au premier semestre 2020 commençaient à être parfaitement formés et autonomes. Je n’étais donc plus nécessaire techniquement.

C’est là que s’opère la partie difficile : accepter que l’on n’est plus développeur.

Cela veut par conséquent dire qu’il faut déléguer une grande partie des choix et conceptions techniques. Même si vous pensez déjà connaitre la réponse à une problématique, celle-ci doit venir de votre équipe. Ils doivent y réfléchir eux-même et arriver à leur propre solution.

Mais après tout, si vous embauchez des personnes que vous pensez talentueuses, c’est pour leur faire confiance non ? De toutes façons, rien ne vous empêche de participer à la conclusion d’une discussion et de vous exprimer à ce moment là.

Alors si je ne développe plus, si je ne suis plus dans l’opérationnel, quel est mon rôle aujourd’hui ? Ma conclusion au terme de cette première année est que mon but est d’être là pour l’équipe. Tout tourne autour d’elle.

Il faut l’agrandir (si nécessaire) : cela implique de passer des heures chaque semaine à réfléchir aux recrutements pertinents, à lire des CVs et faire passer des entretiens pour trouver les profils qui viendront l’enrichir et la faire grandir.

Il faut la construire : une fois les profils recrutés il faut s’assurer que chacun trouve son épanouissement personnel bien sûr, mais surtout qu’il s’intègre et fonctionne en collectif. La communication et l’entraide sont la clé, les joueurs solo n’ont pas leur place. Mon rôle est donc d’impliquer tout le monde et rabâcher en permanence les règles de communication et de fonctionnement à plusieurs.

Si la progression personnelle est une nécessité, chacun doit aussi aider les autres à s’élever.

Pour que chacun puisse se concentrer sur lui-même, sur ses collègues et sur son travail il faut donc créer un cadre propice à cela :

Si les développeurs sont dans l’opérationnel à court et moyen terme, l’objectif du CTO doit être de penser au long terme et à la stratégie pour l’atteindre :

  1. identifier les problématiques à venir
  2. faire émerger (de l’équipe) l’infra et la stack voulues pour répondre aux problématiques identifiées
  3. concevoir une stratégie qui permettra de mettre en oeuvre les solutions à long terme tout en continuant à produire au quotidien
  4. s’assurer que le plan de développement se déroule correctement

Au final, on prend des dizaines de micro-décisions chaque jour en espérant prendre plus souvent de bonnes décisions que de mauvaises.

Passer de développeur à CTO n’est pas une transition aisée. Il faut prendre conscience et accepter que c’est un métier complètement nouveau pour lequel il n’existe ni formation, ni école. C’est un métier que l’on doit apprendre sur le tas et qui demande donc une remise en question permanente : sur les projets, sur l’équipe, sur l’entreprise mais sur soi avant tout.

À titre personnel j’ai éprouvé trois grandes difficultés :

Pourquoi moi ? Parce que j’étais le plus “ancien” à ce moment-là ? J’ai longtemps pensé qu’être à la tête d’une équipe technique impliquait nécessairement d’être la personne la plus compétente dans ce domaine.

Même si la connaissance technique est un pré-requis important, “être le meilleur” n’en est pas un, puisque développer n’est pas le coeur de ce métier : on est là pour manager.

Lorsque l’on en prend conscience, tout va mieux !

Comment savoir si l’on fait bien les choses lorsqu’il n’y a personne pour nous le dire ?

En tant que développeur on se sent facilement productif lorsque l’on ajoute/enlève du code. En tant que CTO, on anticipe, on organise, on fluidifie mais nous ne sommes pas dans le “concret”. Peut-on en déduire que notre boulot est bien fait tant qu’on a pas de problème majeur ?

Cette conception du métier de CTO est très personnelle, elle est le fruit de mes réflexions après un an passé à la tête de l’équipe technique de lePERMISLIBRE. Je n’ai pas la prétention de penser qu’elle est universelle ou simplement valable.

Je suis persuadé que mon métier est différent de celui exercé par le CTO de Doctolib, qui a lui aussi un métier différent du CTO de Google (voici un article à ce sujet que j’ai apprécié : https://calbucci.com/the-5-stages-of-cto-career-chasm-9d7c04e2ae66).

Chaque entreprise, chaque équipe est unique et ce métier doit s’adapter aux conditions dans lesquelles il s’exerce. Je souhaitais simplement apporter mon retour sur expérience à ceux qui seraient “promus” et deviendraient à nouveau débutant dans un métier qu’ils pensaient connaitre.

Transformons ensemble votre entreprise : contactez-moi pour découvrir comment mon expertise technique peut propulser vos objectifs business vers de nouveaux sommets de réussite.

Contactez-moi